LE CONFINEMENT N’ARRETE PAS LA RADIO MONOBLOC A AULT

Cette phrase – le vent souffle où il veut – est aussi le sous-titre d’un film qui s’appelle Un condamné à mort s’est échappé. Ce film, c’est l’histoire d’un homme qui s’échappe.
Qui s’échappe, comme le vent.
Le monde des gestes et le monde du vent.
Là où nous sommes, à Ault, dans la Somme, au bord des grandes falaises calcaires de la côte Nord, là où nous sommes, le vent souffle tous les jours et il souffle où il veut. Il entre à travers les portes fermées et fait trembler les murs. Il s’engouffre avec nous. Il nous suit. Il ne se laisse pas enfermer.
Nous sommes à Ault depuis quinze jours et nous devions y rester encore quinze autres jours. À l’issue de ce mois de résidence et comme nous avons désormais pris l’habitude de le faire pour chacune de nos éditions, nous devions organiser une ou deux journées de restitution, en direct et en public. Nous avions trouvé un thème et nous avions lancé, sur ce thème, un appel à projets. Ce thème : « L’ENVOL ».
Nous avons reçu beaucoup de choses ; nous en avons enregistré beaucoup d’autres.
On nous demande maintenant de rentrer chez nous.
Nous n’allons pas partir d’ici sans les diffuser ; nous n’allons pas quitter les falaises sans terminer notre travail.
Nous avons encore beaucoup de montage sur la planche. Des gens d’ici et d’ailleurs nous ont confié leurs voix.
À une lettre près, nous préférons le verbe « confier ».
Alors, « L’ENVOL ». L’ENVOL, à cette heure où nous n’avons à nouveau plus le droit de la rue ni celui de la nuit, à l’heure où d’autres solitudes vont se refermer, l’envol prend, nous le pensons, une forme nouvelle. Peut-être plus large.
Nous savons en tout cas qu’il y a encore des réseaux et des questions à faire exister ensemble : les méconfiances ou les indocilités, les différentes formes de la vie, ce que le son peut faire et ce qu’il autorise (du côté du documentaire ou du côté de la fiction), ce que veut dire le vent et ce que souffle l’envol.